à la Tour Saint Nicolas à Paray-le-Monial
            Valéria Ercolana et Almuth Schöps
            présentent l'exposition " Réminiscence"
            La mosaïque, art millénaire langage d'aujourd'hui

            tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 19h
            du 29 juin au 10 septembre 2009

Les deux mosaïstes se répartissent ce haut lieu de la mosaïque qu'est devenu la Tour Saint Nicolas au fil des ans grâce au travail de l'association M comme Mosaïque.
L'exposition s'appelle "Reminiscences"

Au rez-de-chausée c'est Almuth Schops qui met en scène ses sculptures : la salle de la tour Saint Nicolas est devenu un château sombre ; le roi, la reine, les tours, les servantes l'occupent ; des fenêtres s'ouvrent sur le monde extérieur.
Les tours ? On ne peut s'empêcher de penser à celles de New-York...
Ici les tesselles deviennent un langage écrit sur des tablettes qui résonnent du fond des âges ; là, des matériaux précieux, soie et or, or et métal captent la lumière.

Au premier étage aucune interprétation de l'artiste, Valeria Ercolani ; aucun titre à ses oeuvres ; seulement de la mosaïque. Et quelle mosaïque ! On sent l'héritage de Marco de Lucca. Chaque tesselle a sa place ; les lignes ondulent avec grâce et révèlent la subtilité des nuances.

Sensualité, finesse, émotion, subtilité... mais pourquoi mettre des mots quand l'artiste ne les a pas mis ; il suffit de regarder et de se laisser emporter et les évocations surgissent : le vent sur une plage de sable ...

...à voir

Le stage d'initiation à la mosaïque de marbre a débuté lundi 20 juillet 2009
Dès le lundi matin c'est la découverte de différents marbres et les premières tesselles sont taillées sous un soleil radieux

Le choix du motif va obliger Magali à faire des heures supplémentaires, mais cela ne lui fait pas peur !














Le travail avance bien et mardi soir la danseuse commence à se dessiner et esquisser un pas de danse
 
Grâce à son experience magali avance son ouvrage à un bon rythme ; c'est si agréable de le voir avancer...

 Quant à Pascale, c'est une nouvelle recrue pour la mosaïque ; elle vient de tailler ses premières tesselles et de les poser ; elle a choisi son premier motif en mosaïque : un petit perroquet sassanide.

 













Les premières tesselles de marbre sont taillées
Il faut aussi apprendre à tailler le verre pour obtenir une mosaïque plus lumineuse 

Le perroquet s'arrète là pour l'instant mais la danseuse évolue


Les tesselles sont posées ; il faut couler le mortier puis nettoyer les traces de papier...
Après 40h de travail la mosaïque apparait enfin

article en construction

Un peu de classification
les pintades sont des oiseaux de l'ordre des Galliformes, de la famille des Numidae
La pintade est qualifiée "d'Oiseau nègre " car c'est un oiseau uniquement africain ; la découverte de vestiges de pintades préhistoriques dans les Monts Taurus montre  que la répartition de la pintade allait autrefois jusqu'à la Turquie.
Il existe actuellement 7 espèces de pintades, toutes africaines donc 

1. Agelaster niger, la Pintade noire  (Cameroun, Gabon, Congo)
2. Agelaster meliagrides, la Pintade à poitrine blanche  (Afrique de l'ouest)
3.Numida meleagris, la Pintade de Numidie  (Afrique et sud-ouest de l'Arabie)
4.Numida meleagris ssp reichenowi, la Pintade de Reichenow  (Kenya et Tanzanie)
5. Guttera edouardi , la Pintade à crète ( de l'Afrique du sud au Sahara)
6. Guttera plumifera, la Pintade plumifère (Cameroun, Gabon, Angola)
7.Guttera pucherani, la Pintade huppée (Kenya)
8.Acryllium vulturinum, la Pintade vulturine (Afrique de l'est)

Numida meleagris compte 9 sous-espèces dont Numida meleagris meleagris, la race type, Numida meleagris mitrata,la Pintade mitrée,  Numida meleagris reichenowi, la Pintade de Reichenow, Numida meleagris sabyi, la Pintade de Saby, Numida meleagris galeata, la Pintade d'Afrique Occidentale, Numida meleagris somaliensis, la Pintade de Somalie, Numida meleagris marugensis, la Pintade de Marungu, Numida meleagris damarensis, la Pintade de Damara et Numida meleagris coronata, la Pintade couronnée.

La pintade criaille 
Les Africains font généralement référence au cri de l'oiseau, à l'onomatopée pour la nommer


Mais la pintade est aussi un oiseau symbolique depuis l'Antiquité.
Elle est déjà présente chez les égyptiens : c'est "l'oiseau-neh" des hiéroglyphes ; on l'a trouvée gravée sur le mur de la salle du sarcophage du pharaon Ounas en 2380 avant notre ère à Saqqara.

Quand les Romains s'installent en Afrique septentrionale à la fin des guerres puniques en 146 avant notre ère ils découvrent la pintade et la nomme "Poule de Numidie". Ce nom sera conservée par la nomenclature scientifique Numidia meleagris.
Ainsi, après la chute de Carthage les pintades africaines apparaissent dans les figurations réalistes, en particulier dans la mosaïque...nous y voila...
Depuis son origine géographique africaine, on en trouve des traces en suivant les voies de commerce des animaux exotiques : Alexandrie, Antioche, Constantinople, Damas,Venise...

En voici un exemple photographié au Musée Archéologique de Nîmes


un autre exemple, celui du Musée de Saint-Romain-en-Gal,près de Vienne


un très bel exemplaire, celui de Kourion à Chypre
photo Jean-Claude Vuillemin


en voici un autre exemplaire

Les Sassanides qui ont régné sur l'Iran actuel depuis 224 jusque vers 640 de notre ère la nommeront "Oiseau cornu" ; la corne est emblème de fécondité et de prospérité. C'est l'oiseau bicorne fabuleux très fréquemment représenté.

Les pintades portant des doubles cornes deviendront une caractéristique de l'art sacré byzantin.

Mais pourquoi le plumage noir-bleuté de la pintade est-il constellé de gouttes ?

Les artistes contemporains, les mosaïstes en particulier sont encore inspirés par la pintade.
Citons Gérard Brand
histoire à suivre ...

Ce ne sont pas "les trois Grâces" mais trois gracieuses danseuses ou plutôt une danseuse en trois exemplaires.
Ces trois mosaïques ont été réalisées à l'Atelier de Sylvie Traverse à Herblay
        - celle du centre a été réalisée par Sylvie Traverse
        - celle de gauche a été réalisée par Babette Legent
        - celle de droite par Renée Antoine

Chaque mosaïque est une copie de la même danseuse.
Alors en quoi ces trois mosaïques sont-elles différentes ?
- le traitement du fond  : un mortier dans un cas, des tesselles de marbre pour les deux autres copies avec des marbres différents disposés en lignes régulières ou des fragments de ligne d'un marbre plus uniforme.
- le choix des matériaux : les différents marbres, leur couleurs plus ou moins soutenues, l'utilisation de pâte de verre ou non.

L'original est une mosaïque présentée dans le déambulatoire du Musée du Vatican ; elle provient de "l'antica Lorium" sur la via Aurelia à Rome.
La scène représente des danseuses accompagnées de musiciens


 




Une copie de mosaïque ancienne reste donc une réalisation personnelle.
De là à parler de création ? Le débat reste ouvert.